11 sept. 2014

Histoire des plantes qui guérissent

L'herboristerie est pratiquée depuis des millénaires; découvrez son histoire au Québec.

Si vous êtes un habitué des Chroniques de Sophie ou que vous avez consulté les fiches descriptives des fleurs de l’encyclopédie de notre site Web, vous avez constaté que plusieurs plantes ont des propriétés médicinales. Mais d’où nous vient cette connaissance et qui nous l’a enseignée?

Pour le savoir, j’ai rencontré Marie Provost, herboriste moderne, propriétaire des Jardins Clef des Champs à Val-David et pionnière dans le développement de cette industrie au Québec.

Originaire de Montréal, Marie a été introduite à l’utilisation médicinale des plantes lors un voyage de jeunesse à travers les Amériques. De retour au Québec, elle commence sa carrière d’herboriste en cueillant les plantes sauvages près de sa résidence à Val-David pour améliorer sa santé et celle de sa famille. Peu après, Marie se lance dans la culture de ses propres plantes médicinales pour les transformer en produits de santé naturels dont elle fait la promotion et la vente. Aujourd’hui, après plus de 30 ans de travail acharné et grâce à la conviction inébranlable du bienfait des plantes pour la santé, Marie et son équipe ont contribué à leur redonner leur place dans la pharmacie des Québécois.

Marie nous raconte qu’au début de la colonisation, l’herboristerie était omniprésente au Québec. Les colons français et anglais cultivaient et utilisaient les plantes médicinales de leur pays d’origine pour se soigner. Ils échangeaient aussi avec les Amérindiens, qui eux, connaissaient le pouvoir thérapeutique des plantes indigènes. Malheureusement, les plantes françaises mal adaptées au climat québécois n’ont pas le succès escompté et les colons français n’ont d’autre choix que de chercher de nouvelles plantes pour se soigner. Tâche difficile, car les livres qu’ils possèdent traitent des plantes de la France méridionale qui poussent difficilement au Québec. Les plantes indigènes et les plantes rustiques anglaises auraient pu les aider, mais l’information à leur sujet est écrite dans une langue qu’ils ne savent pas lire. Cette réalité combinée au développement de la médecine moderne, a contribué à l’appauvrissement des connaissances et le déclin de l’herboristerie au Québec. Vers la fin des années 70, quand Marie a fondé La Clef des Champs, tout était à faire pour redonner ses lettres de noblesse à cette discipline millénaire.

À cette époque, seuls les « granolas » se soignaient avec les plantes. La plupart des gens « normaux » voyaient ça comme de la charlatanerie et peut-être avec raison. Jusqu’à tout récemment, aucune règlementation n’encadrait la production et la vente des produits de santé naturels, et comme le dit Marie : « On ne pouvait pas être sûr que ce qui était écrit sur l’étiquette était bien ce qui était dans la bouteille ». 

Comme elle croit en la pratique de l’herboristerie traditionnelle, aux vertus médicinales des plantes et à la qualité de ses produits, il devient essentiel pour Marie, de redonner sa crédibilité à la profession et de démontrer que les produits naturels ont leur place dans la médecine d’aujourd’hui. Avec ses collègues, elle travaille avec Santé Canada à mettre sur pied une règlementation régissant la production et la vente des produits de santé naturels. Depuis 2004, les produits approuvés par santé Canada portent un numéro NPN sur leur étiquette. Ce numéro signifie que le produit remplit toutes les exigences requises pour prouver son efficacité, sa sécurité et sa qualité (pour en savoir plus sur la règlementation et les exigences nécessaires pour obtenir l’accréditation, visitez le site de santé Canada : http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/prodnatur/about-apropos/index-fra.php). Mais la chose la plus importante que m’a confiée Marie c’est que pour être efficaces les plantes doivent être utilisées pour la bonne raison et de la bonne façon. Elle ajoute aussi que les plantes médicinales doivent être considérées comme faisant partie des nombreux outils mis à la disposition de la médecine pour soigner les êtres humains. Elles ont leurs indications qui peuvent être une alternative ou un complément aux médicaments modernes.

Pour illustrer ce point, Marie décrit la place des produits naturels comme étant celle entre le bouillon de poulet et la salle d’urgence. Un rhume, ça se traite avec du repos, du liquide, et l’ajout d’extrait d’échinacée peut aider à en soulager les symptômes. Par contre, une pneumonie, ça ne se soigne pas qu’avec des plantes, une visite chez le médecin et la prescription d’antibiotiques sont nécessaires.

Depuis qu’elle a fondé la Clef des Champs et qu’elle travaille à faire connaître sa profession, Marie a constaté que la perception de l’herboristerie a changé. L’utilisation des plantes médicinales est plus mainstream, elle s’intègre au mode de vie des gens modernes qui comprennent qu’un corps en santé, c’est un corps au naturel.

Il reste beaucoup à faire pour assurer l’avenir de l’herboristerie au Québec, mais les efforts de gens comme Marie et leur volonté à prouver que les produits de santé naturels ont leur place dans notre arsenal thérapeutique nous portent à croire qu’il sera meilleur.

Pour en savoir plus sur les Jardins Clef des Champs, visitez leur site Web au  www.clefdeschamps.net

Rejoignez-moi la semaine prochaine pour une chronique qui vous dévoilera quelques-unes des recettes de Marie sur l’utilisation des plantes sauvages aux propriétés médicinales.